J’entends bien vos arguments, la VR en est à ses balbutiements et doit faire ses preuves TECHNIQUEMENT pour convaincre producteurs et consommateurs de son potentiel. Ce qui me confirme qu’elle n’est pas pour moi en l’état actuel de son développement et des jeux sortis.
Comme dans d’autres domaines scientifiques, la recherche et le développement de la VR avancent plus vite que la réflexion sur la VR, la recherche ne fait jamais de pause pour prendre du recul sur ses intérêts et surtout ses dangers potentiels. Et moi, ça a toujours tendance à me faire flipper, surtout quand la réalité s’approche de plus en plus de classiques de science-fiction.
Par ailleurs, la VR pose le problème, je le répète, du cadre et de sa disparition. La VR n’est qu’un écran placé très près des yeux, si près qu’il efface – ou fait croire qu’il efface – les limites de son propre cadre. Le réalisateur d’un jeu en VR perd la main sur le cadre qu’il pourrait souhaiter imposer. Finis les découpages de scènes, c’est le joueur qui choisit le rythme. Les développeurs de jeux vont devoir sérieusement repenser leur rapport à la mise à en scène, avec il me semble, beaucoup moins de libertés pour eux, celles-ci étant dévolues maintenant aux joueurs. Le réalisateur Joe Dante (les Gremlins, entre autres) en parle dans une interview :
– Vous êtes-vous intéressé aux autres technologies qui concurrencent le cinéma en lui opposant des expériences bien plus autistiques – comme la réalité virtuelle, typiquement ?
– Je ne suis pas un gamer et je n’ai jamais travaillé sur un jeu vidéo – bien qu’on me l’ait proposé –, mais j’observe cela avec attention, oui. Je pense sincèrement que la RV est très prometteuse, pour le jeu comme pour la fiction. Mais voilà son problème : elle est trop démocratique. La réalisation est une affaire de direction, au sens propre : « Directing is called directing, right? » Mais en RV, c’est vous-même qui vous dirigez. Vous n’êtes dupé par personne. Vous avez réussi à voir le zombie dans la profondeur ? Alors, l’effet de surprise est mort. On ne peut pas raconter une histoire à moins d’être à même de piloter l’attention du public. À mon avis, on pourra toutefois trouver une solution à cela quand quelqu’un inventera une écriture adaptée aux contraintes – ou plutôt aux trop nombreuses libertés – de la RV. C’est par une forme d’écriture nouvelle que le médium s’émancipera. Pour l’instant, on est plus proche de l’attraction foraine.
Pas de problème, n’hésitez pas à demander.