Tout ce que tu dis est vrai.
Notre rapport au football est identique au clubs de Bundesliga et de Premier League. Ces championnats ont connus les premiers investissements étrangers où l’on voit un type riche se pointer et mettre des sommes folles sur les marchés des transferts et des produits dérivés. Avec les arrivées du Qatar et de Rybolovlev suivies des chinois de Nice et de Lopez à Lille, cela s’est accéléré à une vitesse folle et ça a conduit des clubs moyen voire petits à vendre. Ces clubs vendus à la va vite à des incompétents se sont viandés (Sochaux, Lens, Grenoble, Sedan…) ce qui a crée une image négative des rachats de clubs de foot. Et surtout un sentiment d’injustice, de perte d’identité de ces clubs mais surtout une impression de perte de contrôle.
En parallèle, l’aseptisation de notre football s’est accélérée ces cinq ou dix dernières années. Place assises dans les tribunes, plan Leproux qui a été pris en exemple dans tous les stades, augmentation des tarifs d’entrée au stade, mise en avant de la Coupe de la Ligue avec protection des grosses équipes, perte de l’identité visuelle de beaucoup de clubs avec des maillots jetables qui se ressemblent tous, en plus d’être laids car Nike ne vend pas assez de maillots d’équipes françaises. Tout pour le roi argent. Et grâce à tout ça, les gens se rendant au stade ne sont pas devenus des consommateurs, ils l’étaient déjà mais c’est le niveau au dessus. Je ne sais pas si il existe un terme mais je vois ça comme “tu payes à fond et quand tu ne peux plus t’es remplacé par un type qui en a plus que toi”. Ajouté à tout cela, le cynisme du football professionnel envers les divisions amateurs, c’est pas glorieux. Le football français (et européen) est dans une fuite en avant et le seul moyen de l’arrêter c’est soit de le tuer, soit d’en prendre le contrôle.
Le problème se situe là. Comment faire?
L’idée première, l’instinct, c’est de copier ce qui est déjà fait, ce qui fonctionne. Sauf qu’en France, de ce côté là, on est dans la merde. Vous voyez un mouvement populaire qui va vers ou est issu du football dans ce pays? Si on retire les mouvements éphémères de beaufs France 98-Sainté années 80, ben… y’a rien. Il n’y a rien car en dehors des résultats du club que l’on supporte, il n’y a rien pour s’intéresser à d’autres choses dans le football français. Il n’y a aucun lien sociétal, aucune identité forte dans notre football. Je pense que c’est dû à la toute puissance des présidents de clubs. Le club leur appartient, ce sont eux qui décident. Ce sont de vieilles personnes qui ne veulent que rien ne bouge. Un peu comme notre société en fait. Il existe bien des associations de supporters typées socios à Nantes, Nancy, Guingamp mais c’est de l’esbroufe. Pour que la masse contrôle une institution, il faut que cette dernière s’écroule. Jamais Jacques Rousselot ne vendra l’AS Nancy Lorraine à ses supporters, lui préfère le chinois péter de thunes. Si on veut le club, il faut que celui-ci renaisse de ses cendres. Dans nos championnats dominés par l’argent, c’est la seule solution.
Quand je pense championnat français, voilà ce qui en ressort. Paris = Qatar plein pognon. Sainté = vieux cons aux poteaux carrés. Nantes = Kita l’ordure. Lyon = Aulas l’ordure (bis). Marseille = Tapie et magouilles. Tous les autres clubs? Rien. Rien ne me viens car leur image ne reflète rien. Et c’est peut-être pas plus mal vu l’image négative que renvoie ces clubs “historiques”. Il y a peut-être Lens avec “Les corons” mais c’est très, très léger voire insignifiant. Voilà ce qu’il se passe quand on muselle les supporters et que ces supporters sont infoutus d’avoir un poids politique (dans la vie du club) ou infoutus de mettre un coup de pression pour garder un joueur. C’est de la faute des joueurs aussi ça, toujours attirés par l’herbe soit disant plus verte ailleurs.
D’ailleurs, allons voir à l’étranger maintenant. En Espagne, l’identité est plus territoriale du fait du fort régionalisme. Plus facile pour un club d’avoir une identité donc des supporters plus enclins à se bouger pour leur club. Bilbao en est l’exemple phare. En Allemagne, dans les basses divisions, c’est plus social. Les fans de l’Union Berlin ont construit leur stade par exemple. A Hambourg, Sankt Pauli aide les sans abris et les réfugiés. Du coup, ça ramène du monde, des gens se sentant proche du projet du club.
L’Italie c’est différent. En Italie, il y a plusieurs joueurs qui représentent à un club. Buffon et Del Piero pour la Juve, Totti à la Roma, Maldini pour le Milan AC. Des mecs qui tenaient l’institution à eux seuls. D’ailleurs le Milan est en perdition depuis le départ de Maldini. Hâte de voir comment cela va se passer à Rome. Il y a également les clubs politisés comme dit plus haut dans le sujet. Il y a également la culture du maillot en Italie. Le design est toujours le même (ou presque) et les couleurs dominantes qui sont toujours les couleurs historiques avec les bandes des clubs de Milan, de la Juve, de Bergame ou Udine, le bleu ciel de la Lazio, qui contraste bien avec le rouge de la Roma, le violet florentin.
Et ouais, l’identité d’un club passe par son maillot, sa philosophie et ses joueurs. Ce qui ramène les supporters et qui crée de l’appartenance. Il faut avoir au moins une de ces choses, deux dans l’idéal pour que l’alchimie se fasse. Et ça, en France, on ne connait pas. Nous, on préfère rester dans notre conservatisme sans rien oser. Et quand ça ose, c’est raillé et tué dans l’œuf.