Alala, un beau bordel que sont les ultras italiens. Plus qu’ailleurs, on ne connait pas la modération. Et je ne connais pas de pays plus politisés que l’Italie du football.
D’ailleurs, ne surtout pas confondre Nazisme et Fascisme (italien). Même si ces derniers trouvent leur naissance dans une histoire et une situation plus ou moins commune qu’est le Traité de Versailles de 1919, l’Allemagne vaincue, pillée de ses ressources, occupée et démilitarisée, le Royaume d’Italie, quant à lui vainqueur, dont la population possède une rancœur vis à vis des grands gagnants (Grande Bretagne, France) du fait du non respect des promesses faites au gouvernement italien avant son engagement dans le conflit (la non récupération de tous les territoires promis au départ notamment du côté de la Dalmatie).
La grosse différence se situe, à la base, au niveau du racisme. L’Allemagne l’est ouvertement. L’Italie ne l’est pas de la conquête du pouvoir par Mussolini en 1922 jusqu’en 1938 avec l’apparition de lois raciales. Sans doute pour ça que pas mal de fascistes italiens connus (les Di Canio ou Abbiati - Meazza c’était une autre époque et vu l’époque d’amour et de paix…) ne sont pas racistes. Du moins, pas ouvertement. Après, c’est un problème bien français d’assimiler fascisme, nazisme, racisme et antisémitisme. Chez eux, ils font plus la part des choses.
L’Italie du début du XXème siècle est une jeune nation bordélique. le Royaume est crée et la botte unifiée en 1861 mais perd et gagne constamment des petites régions (Savoie, Nice, Vénétie, les régions frontalières avec l’Autriche comme le Frioul). Cela provoque un situation instable avec un pouvoir central faiblard et un régionalisme fort. Mussolini (qui n’était pas le dernier des cons malgré son “génie” militaire) voit à travers le football le truc idéal pour balancer du fascisme à tout va. C’est dans les années 30 que l’Italie gagne ses deux premières Coupes du Monde (tant bien que mal pour la première et ce, même avec l’aide des argentins naturalisés) et c’est dans cette période là qu’il crée un club par grosse ville avec un fasciste à sa tête, exception faite de Rome où il décide de rassembler tous les clubs romains sous l’AS Roma et de garder la Lazio sous son…aile.
Du coup, cette explosion politique a amené un vif intérêt de la population de cette époque vers le foot. Alors non, ça n’explique pas pourquoi il y a pas mal de groupes ultras d’extrême droite en Italie mais ça peut expliquer le début de ce développement. Et puis, il y en a aussi en face.
Livourne et ses Brigate Autonome Livornesi, pour la plus connue de toutes avec Terni, pour ses affrontements face aux laziales et l’Hellas Vérone. Livourne c’est un cas à part. Elle a été sous contrôle des Médicis (donc alliée à Florence) et de la Maison de Lorraine qui étaient de gros pôles artistiques ce qui se ressent au niveau libertés individuelles et de pensée. Abolition de la peine de mort en 1786. Rien que ça! C’est à Livourne que fût crée le PCI et j’avais lu que la ville a toujours voté extrême gauche à plus de 60%. Relation de causes à effet? Pas nécessairement, il y a eu de grands suiveurs du Duce venant de Livourne. Ciano père (président de la Chambre des Fascii) et fils (gendre de Mussolini), comme quoi…
Le mouvement ultra italien est né à la fin des années 60. En Angleterre, à cette époque, ce sont les gens des classes ouvrières qui vont au stade, en Italie c’est un peu l’inverse. Il y a un climat révolutionnaire opposé à une population très conservatrice (au niveau religieux surtout). Il faut aussi savoir que là-bas, le stade c’est le prolongement de la vie de tous les jours donc les gens ont amené leurs idées. Ajouté à cela de noms de groupes très politisés, il en fallait peu pour se lâcher.
Perso, j’ai toujours vu le mouvement italien divisé en deux entre les extrêmes. Provoquant un gros bordel d’une ville à une autre car il n’y a pas vraiment de logique géographique. D’ailleurs, les principaux groupes ultras se montrent sous la bannière politique et non sur leur club. C’est assez étonnant vu d’ici car en France c’est l’inverse. On est peu politisé, hors exceptions, ou alors on ne le montre pas trop.
Ailleurs en Europe, c’est pas mal politisé également. Nous on fait un peu exception. L’Espagne ressemble un peu à l’Italie de ce côté là. D’un côté les mecs bien à gauche comme les Bukaneros (Rayo), Biris Norte (Séville) et des indépendantistes (à Bilbao) sans oublier les Boixos qui sont officiellement apolitiques mais pas de droite. Et en face des gros tarés comme les ultras de deux gros madilènes (Ultra Sur et Frente Atletico), du Bétis ou ceux de…l’Espanyol qui vont même au delà de l’extrême droite.
En Allemagne, c’est plus géographique. Les clubs et groupes politisés sont relégués dans les basses divisions. Et, grossièrement, les plus gros tarés se retrouvent en ex-RDA et là ça ne rigole pas. Une vraie culture du hooliganisme associée à des idées néo-nazies (les hools de Cottbus qui ont fait parler d’eux au printemps derniers par exemple ou encore Dresde ou Rostock). En face, on se situe plus à l’Ouest avec le cas mondialement connu de Sankt Pauli et de l’Union Berlin ou Dusseldorf. T’façon, la politique c’est un beau bordel et je me suis perdu, j’suis crevé, allez vous faire foutre et bonne nuit.