Afin de présenter ce topic, je reprends ici, par facilité, un récent et exhaustif état des lieux, paru sur Numérama, concernant les plateformes de streaming musical.
N’hésitez pas à nous dire si vous utilisez l’une de ces plateformes, nous donner les conclusions de vos tests et partager votre profil. Personnellement, j’utilise depuis peu Spotify (oni83210).
L’arrivée sur le marché de Spotify et Deezer ne s’est pas faite en un jour. Mais désormais, quoi qu’on en pense, le streaming est devenu un mode de consommation de la musique. Les offres ne cessent de se multiplier et de tenter de se différencier. Voici notre guide comparatif pour s’y retrouver.
Si on pouvait encore définir l’horizon du streaming musical par un affrontement entre le scandinave Spotify et le français Deezer pour le marché français il y a encore moins de deux ans, aujourd’hui le marché est métamorphosé et l’arrivée d’Apple Music a fortement déstabilisé les acteurs présents. Un point d’étape pour s’y retrouver s’impose.
Pour y voir plus clair, il faut déjà commencer par parler de l’adoption du streaming par les Français qui offre un bilan mitigé. Si l’usage des services progresse constamment depuis 2013, en 2015, seul trois français sur dix utilisent le streaming. C’est certes beaucoup mais pas encore assez pour assurer aux plateformes et aux artistes le modèle stable tant attendu. De plus, seulement 22 % des utilisateurs français ont recours à un abonnement payant sur ces plateformes.
Vous tournez en rond pour choisir l’offre parfaite pour vous ? On va vous aider à comparer les différents services. Pour distinguer les services, on s’intéressera au nombre de titres disponibles, aux interfaces, aux fonctions clefs, au prix et au système de recommandation.
SPOTIFY
La plateforme n°1 au niveau mondial ne tient pas seulement sa place par son statut de pionnier. L’entreprise a progressivement façonné, après avoir créé, le streaming musical tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Aucune crainte sur les titres disponibles : on en compte plus de trente millions. Spotify a objectivement presque tout ce que vous écoutez. En France notamment. La qualité, elle, n’est pas au rendez-vous de la très haute définition, mais le percevrez-vous ? L’offre a 9,99€ vous permettra d’écouter sans pub autant de titres que vous le souhaitez, d’avoir vos playlists, d’écouter celles de vos amis (Spotify est très social) et celles proposées par la société.
Concernant sa ligne éditoriale, on la qualifiera de rudimentaire et correct sans pour autant être bluffante. On note tout de même que le service propose de très bon live et inédits et même récemment un peu de vidéos. La ligne éditoriale est donc assez complète sans être à un niveau qui nous permet de découvrir le nouveau groupe inconnu pakistanais qui marchera dans 10 ans. Dommage.
Concernant les interfaces et l’expérience utilisateur, la facilité d’utilisation du service a fortement influencé sa réussite. Rien à signaler, tout est facile. On notera qu’il est très difficile de trouver une plateforme sur laquelle le service ne fonctionne pas. Bon point.
DEEZER
Deezer est au service musical français, ce que Barbara est à la chanson française : tout. Son implantation française lui permet de beaux partenariats qui ont fait la réputation hexagonale du service.
Le service français est au niveau de son concurrent suédois, avec plus de 35 millions titres disponibles, peu de chances de ne pas trouver ce que vous cherchez. La qualité sonore est au standard habituel, à l’instar de Spotify. Le prix et les fonctionnalités sont finalement assez proches entre les deux grands noms : 9,99 € par mois ici aussi. Notons qu’en juillet, Deezer a lancé une formule famille pour 14,99 €, à l’instar d’Apple. Avec, de la même manière, un très bon développement des fonctions sociales et des playlists.
Une vraie préférence de notre part pour la ligne éditoriale de Deezer, très orientée sur la scène française et européenne : vous découvrirez assez facilement des nouveaux groupes. De plus de nombreux inédits apparaissent sur Deezer en premier. On note aussi les Deezer Sessions, des lives d’artistes pour le service : un vrai plaisir. Les nombreux partenariats avec des maisons de disques, festivals, radios etc. permettent au service une actualité intéressante pour nos oreilles curieuses.
Au départ un peu en retard sur mobile, Deezer s’est très bien rattrapé et il devient difficile de distinguer les interfaces de Spotify et du Français. Tout est assez simple ici aussi. Idem pour les plateformes mobiles disponibles : les applications sont là.
GOOGLE PLAY MUSIC
Parce que Google ne serait pas Google s’il ne tentait pas de faire tout ce qui est à faire, Mountain View s’est lancé dans le streaming musical. Même si Play Music se fait assez discret et ne compte pas autant d’utilisateurs que les deux premiers, il a de vrais atouts à faire valoir.
Pour le nombre de titres, c’est encore ici assez homogène avec un total autour des trente millions disponibles : encore une fois peu d’inquiétudes en perspective. D’autant que le vrai plus de la plateforme est la fonctionnalité d’upload de votre bibliothèque musicale : une fois abonné vous pouvez streamer sans difficulté et partout dans le monde votre musique et les titres disponibles en streaming. Une possibilité qui change un peu le modèle du streaming en y mettant du cloud et qui s’avère essentiel pour ceux qui aiment les vieux vinyles non-réédités et introuvables parmi les 30 millions de titres.
La qualité sonore est sensiblement la même que sur Spotify/Deezer. Le prix aussi, 9,99 €, est harmonisé avec la concurrence. On notera pour l’avenir qu’aux États-Unis, un abonnement Play Music donne droit à YouTube Red et inversement. Concernant le système de recommandations proposé par Google le pari fait est celui des algorithmes, partout. Radio, playlist automatique, mix instantané, le service propose à chaque instant des possibilités pour générer des listes d’attentes thématiques où se mélangent vos préférences. Un vrai coup de coeur pour la simplicité et la pertinence des propositions, sans oublier la fonction « Mix J’ai de la chance » so Google et finalement très utile. À vous de voir donc : ici pas de partenariat, peu d’humains derrière le traitement de l’offre de playlists mais une proposition insolite et assez convaincante.
L’interface d’utilisation n’est pas parmi les plus simples mais on finit par s’y retrouver et l’outil s’avère assez puissant grâce à son modèle Material Design totalement responsive sur tous les types d’écran. On regrettera l’absence totale de fonctionnalités sociales.
APPLE MUSIC
Apple est le game-changer du secteur : dernier arrivé, premier servi. En quelques mois, le service s’est imposé comme le deuxième mondial, Spotify en tremble encore. Si l’avenir d’Apple dépend autant de ses futurs services, le streaming musical n’a pas été lésé. Une raison pour s’abonner ?
Pour son arrivée tardive sur le marché, Apple avait préparé le terrain de manière à ne laisser aucun avantage à ses concurrents. Le nombre de titres disponibles rejoint la très classique moyenne de 30 000 000, le prix est aussi fixé à 9,99 € (aucune version gratuite avec publicité n’est proposée) avec un petit plus pour les abonnements famille à 14,99 € qui se révèlent être moins chers que ses concurrents. La qualité audio aussi est alignée sur les autres services. L’homogénéisation semble être la règle impérieuse pour s’assurer une percée.
La vraie différenciation vient de la ligne éditoriale d’Apple convaincante et inédite sur le marché : là où Google nous propose du tout algorithme, Music offre du quasi-tout humain. De l’artisanal. Des radios animées par des animateurs reconnus, des playlists éditées par des mélomanes, des propositions intéressantes et rares, entre l’algorithme et le contenu produit par Apple et son équipe, vos oreilles sont cajolées et votre curiosité rassasiée. Un vrai plus pour nous.
On arrive à prendre rapidement la main sur toutes les interfaces d’Apple Music sur OS X et iOS, en revanche on regrettera un peu les version Android et la version iTunes sur Windows qui ne sont vraiment pas ce qui se fait de mieux en terme d’expérience utilisateur sur ces plateformes. À l’instar de Play Music, le manque de fonction sociale à-la-Spotify est à noter même si Apple Music propose des fonctions communautaires pour mettre en relation les artistes et leurs fans.
TIDAL
Racheté par Jay-Z, Tidal est devenu le joujou du rappeur et des grands noms de la pop U.S. Orienté premium, Hi-Fi et célébrités-approved, le service ne décolle pas mais fait couler beaucoup d’encre. Derrière le buzz, trouve-t-on un service intéressant ?
Avant d’être TIDAL-Z, Tidal était un service de streaming Hi-Fi suédois édité par Aspiro. Depuis le rachat, certaines choses ont été changé par le rappeur-entrepreneur mais le catalogue en haute définition est resté. Le nombre de titres colle de justesse à la concurrence mais le gros avantage du catalogue dont a hérité M. Carter est bien sûr la quantité de titres disponibles en FLAC, un format sans pertes. Impressionnant si et seulement si vous êtes suréquipés et exigeant avec votre ouïe.
Les prix eux sont plus élevés que pour les concurrents non Hi-Fi : 19,99 € pour l’abonnement HQ — à noter qu’un abonnement à 9,99 € est proposé sans option Hi-Fi-ready. Au delà de la qualité, l’implication des célébrités proches de Jay-Z permet de trouver beaucoup de contenus exclusifs qui font la une (ANTI de Rihanna et The Life Of Pablo de Kanye West rien que ce dernier mois). Comme sur Apple Music, on trouve peu d’algorithme mais beaucoup de contenus et playlists façonnées artisanalement par des professionnels. Du beau contenu en soi, peut-être un peu insuffisant en nombre. En revanche de nombreuses vidéos musicales sont disponibles à streamer souvent en exclusivité aussi : avis aux amateurs de stars U.S.
Concernant les interfaces, elles sont assez agréables et très (trop) simples. Le tout dans de belles applications qui offrent le sentiment premium tant promis. Simplicité oblige, peu de killer features et pas d’intégration sociale.
SOUNDCLOUD
Avec le lancement français de son offre payante, Go, Soundcloud est devenue une plateforme de streaming musical presque comme les autres. Après avoir été le terrain de jeu artistique et sonore du web.
Avant de rejoindre les rangs déjà bien peuplés des plateformes de streaming musical, Soundcloud était depuis 2007 le nuage musical préféré des artistes et des dénicheurs de talents. En quelques années, Soundcloud est devene une référence de la musique en ligne jusqu’à revendiquer 250 millions d’utilisateurs en 2013. Mais en 2015, les majors commencent à se retourner contre la société européenne qui, malgré elle, héberge du contenu dont les droits ne lui appartiennent pas.
Au bord du gouffre financier, Soundcloud vide son catalogue et commence à négocier avec les maisons de disque. Des négociations qui aboutiront à l’arrivée d’une offre payante sur Soundcloud, la formule Go. Avec un tarif de 9,99€ par mois, l’offre Go semble très proche de ses concurrents. Concernant la qualité audio, Soundcloud n’est pas toujours un gage de qualité, mais les titres marqués de l’intitulé Go sont d’une qualité standard, à-la-Spotify.
En revanche, le service de Soundcloud sait se démarquer. Avec ses plus de 175 millions de titres, la plateforme se hisse tout en haut du classement des catalogues. Attention toutefois, les titres sont nombreux car l’offre gratuite et Soundcloud Go se complètent. Vous trouverez donc un catalogue Go assez habituel, mais en plus, vous aurez accès à tous les titres de la plateforme.
Soundcloud ne cherche pas à créer des exclusivités, les artistes possèdent souvent déjà un compte sur le site avec de nombreux titres et remixes inédits disponibles pour les utilisateurs. En contrepartie, la plateforme n’éditorialise pas son contenu, mais propose des radios qui n’ont pas à rougir face à celles de Play Music et son fonctionnement en réseau social — avec followers et re-post — vous permettra d’interagir et découvrir de la musique.
Néanmoins, si l’offre Go est particulièrement intéressante pour les utilisateurs de Soundcloud, les nouveaux venus seront certainement perdus dans l’interface de la plateforme qui ne ressemble à aucune autre. En effet, l’offre Go ne modifie aucunement l’interface de Soundcloud : une fois l’offre souscrite vous verrez seulement les titres marqués d’un Go apparaître. En revanche, la recherche d’un album ou d’un artiste s’avère être, pour l’instant, bien plus chaotique que chez les concurrents.
QOBUZ
Même placement tarifaire et qualitatif sur le Hi-Fi que Tidal, sans stars, sans vraie plus value éditoriale et avec des interfaces du web 1.0. Voici Qobuz.
Qobuz est d’abord connue pour son histoire de petite PME française à l’assaut d’un marché ultra-concurrentiel : malheureusement en dehors du storytelling le service de streaming en tant que tel est assez décevant. Les tarifs ont récemment été recadré, démarrant à 4,99€ par mois pour une utilisation non-mobile, puis 9,99€ pour le mobile, avec une offre sans Hi-Res, et montant jusqu’à plus de 200 € par an pour les abonnements Hi-Fi. Qobuz est cher mais la qualité est présente, c’est indéniable.
Pourtant le Français possède le catalogue le plus maigre des grands services avec plus de 24 000 000, juste un peu en-dessous de Tidal. On trouve finalement assez peu d’arguments en dehors de la qualité pour défendre la plateforme, à une exception : les playlists jazz et musiques savantes. Le vrai plus de Qobuz est réservé aux mélomanes qui cherchent une vraie ligne éditoriale sur ces genres musicaux moins populaires mais sur lequel Qobuz est très investi, pour notre plus grand plaisir à défaut du reste. Notons que l’équipe de Qobuz fournit aussi à ses abonnées de l’information sur les sorties et un label Qobuzissime pour leur coups de cœur, appréciable.
Malgré de récentes mises à jour, les interfaces de Qobuz sont minimaliste, pratique avis aux amateurs. Aucune vraie intégration sociale ici non plus.
COMPARATIF GÉNÉRAL